Interview Président

Monsieur le président, vous êtes à la tête de l’Association Camerounaise des Consommateurs Des Télécommunications et TIC, pouvez vous nous faire une présentation de votre association ?

 

Dahirou yaya : D’abord, permettez-moi de vous remercier de me donner l’occasion de parler une fois de plus de l’ACTIC et de  ses activités.  Pour répondre à votre question, je dirai succinctement que l’ACTIC est association créée en 2009 regroupant les consommateurs des produits et services des télécommunications et Tic au Cameroun en vue de protéger les intérêts de ces derniers et défendre leurs droits. C’est une organisation civile  indépendante, autonome et apolitique. Ses programmes sont axés sur trois thématiques  à savoir la Téléphonie, l’internet, l’informatique et les Multimédias qui constituent comme vous le savez, l’épicentre des technologies de l’information et de la communication.


En quoi consistent  les activités de l’ACTIC ?


Dahirou yaya : En tant qu’Association de protection des consommateurs, nos activités sont de toute évidence, orientées vers la satisfaction desdits consommateurs dans l’usage qu’ils font des téléphones, de l’internet et des autres outils des Tic. De manière plus pratique, l’ACTIC s’emploie à l’éducation, à l’information et à la sensibilisation des consommateurs sur leurs droits et devoirs, au règlement des litiges, à la vulgarisation des TIC, au plaidoyer pour l’amélioration de la qualité de services à une baisse significative des tarifs. Elle assure également un rôle de veille  à l’égard des activités que mènent les opérateurs et autres intervenants du secteur des télécommunications, la liste est loin d’être exhaustive.


En tant qu’Association de protection des consommateurs, quels sont les défis qui vous animent ?


Dahirou yaya : Je dois avouer que les défis qui nous interpellent sont nombreux et multiforme mais je vais en parler de manière partielle. Cela dit,  à court terme, nous aimerions voir nos actions et initiatives parvenir à impulser une baisse considérable des tarifs et un déploiement plus large de la fibre  optique  sachant que ces deux paramètres sont à même de booster la croissance économique et le développement du pays. Nous souhaitons ^participer de manière active, à l’élaboration des normes en matière des télécommunications. L’accès de tous à la société de l’information tout comme la protection des enfants dans les cyberspaces font également partis des défis qui nous animent. L’extension de la couverture réseau n’est pas du restes et bien d’autres préoccupations…


Comment est ce que les consommateurs camerounais jugent-ils la qualité de service qui leur sont offerts dans le secteur des télécommunications ?


 

 Dahirou yaya  Cette question me suggère une réponse en deux  aspects : un aspect objectif et un autre aspect subjectif. Pour être plus explicite, je me dois de rappeler que l’ART  a pu acquérir d’importants matériels techniques destinés entre autres au contrôle de la qualité de service et de couverture. Ces équipements sont vite entrés en service et ont déjà fait leurs preuves. Cela revient à dire que techniquement, les résultats obtenus à l’issu d’un contrôle effectué par ce dispositif technique, est fiable de tout point de vu. Aussi l’ACTIC dispose t-il d’un observatoire des plaintes. Celui publie trimestriellement des résultats qui sont en quelque sorte le reflet de l’opinion des consommateurs, qui d’ailleurs se rapproche de l’indice de perception.


Que pense les consommateurs des tarifs tels que pratiqués par les opérateurs et les fournisseurs d’accès à l’internet ?   


Dahirou yaya : Mieux qu’une pensée, c’est un constant déplorable que chacun de nous peut librement faire. Les tarifs de communication au Cameroun est l’un des plus élevé d’Afrique ; nous avons eu à mener des recherches et même une étude comparative à ce sujet. Nous savons aussi que l’indicateur le plus important de la structure des prix e communication, ce sont les tarifs d’interconnexion entre les opérateurs.  Mais il faut pourtant souligner que depuis 2002, chaque année, les tarifs d’interconnexion ont baissé sous l’impulsion incessante de  l’ART. 


Et Pourquoi les opérateurs ne répercutent-ils pas cette baisse du coût de l’interconnexion sur les tarifs appliqués aux consommateurs ?


Dahirou yaya : J'estime qu'il serai plus indiqué de leur poser cette question. Qu'à cele ne tienne, les opérateurs ont toujours brillé d’imagination. Pour entretenir la confusion, ils s’appuient désespérément sur les coûts opérationnels, sur les coûts liés à l’énergie électrique ou sur la carence d’un backbone national en fibre optique pour pouvoir pérenniser le safari tarifaire. Ils s’appuient également sur la topographie du Cameroun mais et même sur le climat !


Quelle alternative pouvez-vous proposer pour venir à bout de la piètre qualité de service et les tarifs prohibitifs vous décriez plus haut ?


Dahirou yaya : Nous attendons de l’innovation technologique, le déploiement plus étendue de la fibre optique sur l’ensemble du territoire national.  De même, nous attendons de la concurrence certes balbutiante, l’entrée sur le marché, de nouveaux opérateurs notamment de la téléphonie mobile et ceci  dans les meilleurs délais possibles. Voilà en effet une esquisse de solution alternative aux problèmes liés à l’accès, au tarif, et à la qualité de service dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

 

Pensez vous que l'ART ( Agence de Régulation Des Télécommunications ) joue Pleinerment son rôle ? 

 

Dahirou Yaya  Auparavant, les missions de l'ART n'étaient assez connues des consommateurs et du grand public en général, à cause sans doute du déficit d'information qui y prévalait laissant la voie à toutes sortes d'interprétations. Au fil des temps, l'ART, s'est mobilisé de manière active mettant en place une stratégie de communication qui peu peu éclairé l'opinion et sorti l'auguste agence de l'ombre en la rendant plus accessible et plus proche des consommateurs. Aujourd'hui, malgré l'influence supposée des poliques, malgré le poids financier écrasant des opérateurs du secteur des télécommunications, malgré les multiples revendications de plus en plus pressantea des consomateurs, nous sommes en mesure d'affirmer que l'ART joue efffectivement son rôle de gendarme du secteur des télécommunications au Cameroun. Si une telle agence n'existait pas, il aurait fallu en créer une. Je sais de quoi je parle et je refuse de me verser dans la critique facile et stérile car il faut être spécialiste comme je le suit pour décrypter le sens profonds des efforts consentis par cette structure. Je crois qu'il est légitime de louer les efforts du Directeur Général qui ne cesse de briller d'imaginations pour offrir à sa structure des résultants encouragents pour la satisfaction des acteurs du secteur et des consommateurs...   

 

 

Monsieur le président, parlez nous à présent de la situation de l’internet au Cameroun

 

Dahirou Yaya : La demande des consommateurs pour l’accès à l’internet est de plus croissante au Cameroun notamment dans les grandes métropoles. Paradoxalement, cette explosion de demande ne trouve pas dans les offres qui pullulent le marché, des produits et services à la hauteur des attentes des consommateurs.  Nombreux ceux qui se réclament fournisseurs d’accès internet haut débit sans pour autant maîtriser la description technique du haut débit. Conséquence : recrudescence de litiges entre les FAI (fournisseurs d’accès à l’Internet) et les consommateurs du fait de l’inadéquation entre le service proposé au départ et celui reçu au bout de compte.

En effet, les réseaux dits de nouvelles générations sont des réseaux intégrés de grande capacité capables de transporter la voix, les données et les images. Ces réseaux reposent sur deux technologies principales : la fibre optique comme support physique de transport haut débit et le protocole internet comme standard de transmission des flux des données multimédia. Cela dit, la fibre optique est une infrastructure à même de véhiculer l’internet haut débit : la voix, la voix sur IP, la télévision sur IP, la connexion VPN sans compter les nouveaux services forte valeur ajoutée              (e-banking, e-commerce, e-Learning…) certes, la transmission du signal des télécommunications emprunte des nombreuses voies allant du câble coaxial à la liaison satellitaire en passant par le wimax, mais la fibre optique demeure l’infrastructure le plus fiable qui assure le transport de l’internet haut débit.

Le développement de l’internet au Cameroun se fait de manière exponentielle mais cet essor se trouve être plombé par un déficit de qualités en ce qui concerne les produits et services. 


Bientôt  le 1er Téléphone Mobile conçu par les camerounais  et baptisé X-Net Phone sera mis sur le marché.   Quelle est votre réaction et quelles en sont les attentes ?


Dahirou Yaya   Pour un Cameroun qui aspire à devenir pays émergent, cette innovation serait un indicateur majeur du progrès technologique réalisé dans le secteur des télécommunications et TIC.

Evidemment, nous attendons de découvrir cette merveille, ensuite nous la soumettrons au test comparatif d’évaluation afin de pouvoir déterminer les consignes à donner aux consommateurs. Mais   au-delà de ce principe et en tant que camerounais ce serait un immense plaisir  d’accueillir le tout premier téléphone conçu et développé par des ingénieurs camerounais même s’ils résident à l’étranger. Et souvenez vous, les camerounais avaient eu à savourer la prouesse du génie camerounais  il y a quelques années dans le domaine informatique avec notamment les ordinateurs Ramses de Djeukam Tchameni…

Enfin si les promoteurs de X-net Phone veillent sur le rapport qualité, prix, et si la fiabilité conceptuelle et fonctionnelle sont démontrées alors je suis persuadé que, nombreux seront les consommateurs qui vont s’offrir ce produit également pour des raisons évidentes.


Tous les téléphones vendus au Cameroun sont ils homologués ? Que fait l’ACTIC pour mettre les consommateurs à l’abri des désagréments causés par des téléphones non homologués et les ordinateurs de qualité et douteuse ?


Dahirou Yaya : Seulement 01 Téléphone sur 10 vendus au Cameroun, est homologué. Le marché est inondé des téléphones vendus en marge de la réglementation. Nous avons exprimé notre volonté de travailler de concert avec l’ART sur le contrôle des vignettes sensées être apposées sur tout terminal téléphonique vendu au Cameroun.  Il nous a été demandé d’attendre la fin de la période moratoire et au jour d’aujourd’hui, le délai d’attente qui nous a été communiqué est largement dépassé. Nous avons également manifesté notre disponilité à travailler de concert avec l'ART et l'ANOR pour parvenir à l'élaboration des normes en matière de télécommunication. En attendant je crois que nous n'auront qu'à nous appuyer sur les standards internationaux notamments ceux de l'UIT...


En ce qui concerne les ordinateurs et les téléviseurs, nous avons un projet qui sera bientôt mis sur pieds et qui permettra de lever les équivoques qui plombent le secteur informatiques…


Nous arrivons au terme de nos échanges avez-vous quelque chose à ajouter ?

Dahirou Yaya : Je voudrai tout simplement dire aux opérateurs et autre intervenant du secteur des télécommunications et TIC que le concept de  protection du consommateur n’est pas un leurre ou bien une simple vue de l’esprit.  Ils feraient mieux de s’approprier la loi cadre de protection des consommateurs pour éviter les mauvaises surprises de l’unilatéralisme et de l’indifférence. Les acteurs de ce secteur sont complémentaires…

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